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Opér@'Son 3 : à la recherche d'une méthode de mesure des niveaux sonores

Opér@'Son 3 : à la recherche d'une méthode de mesure des niveaux sonores

28 février 2022

[ INTERVIEW ]

David ROUSSEAU ingénieur système-acousticien pilote l’expérimentation Opér@'Son 3 pour AGI-SON.


Avec à son actif, l'installation de systèmes son de lieux emblématiques, tels que
 Dehors Brut, La Cigale, Le Dada ou encore la Villette, David répond à nos questions sur les problématiques1 liées à la nouvelle réglementation sonore et sur l'importance des travaux en cours pour définir un protocole de mesure des niveaux sonores.


Sous le nom d'Opér@'son 3, AGI-SON travaille à définir une (ou des) méthode de mesure des niveaux sonores robuste et opposable pour permettre l'application des niveaux réglementaires du décret 2017-1244 du 7 août 2017, en tout endroit accessible au public.
« Ne dépasser, à aucun moment et en aucun endroit accessible au public, les niveaux de pression acoustique continus équivalents 102 décibels pondérés A sur 15 minutes et 118 décibels pondérés C sur 15 minutes. »  

Comment percevez-vous cette obligation de respecter les niveaux réglementaires, en dB(A) et dB(C) en tout endroit accessible au public pendant la durée du concert ?

David ROUSSEAU : Cette disposition est impossible à appliquer telle qu’elle est écrite dans le décret. La physique du son nous impose de faire des choix. Soit le sonorisateur positionne les subwoofers (caissons de basse) au sol, et expose alors les premiers rangs de spectateurs à de forts niveaux dans les basses, soit il les place en hauteur, et perturbe beaucoup plus le voisinage. Résoudre cet antagonisme physique nécessite beaucoup de place, de gros investissements, et du temps pour former les sonorisateurs. Et dans les petites salles, c'est presque impossible dès qu'il n'y pas suffisamment de hauteur.

 

Pourquoi est-ce si complexe pour le sonorisateur de maîtriser le respect des deux valeurs : 102 dBA et 118 dBC ?


David : 
Tout simplement parce les points les plus forts de ces deux valeurs ne se trouvent ni au même moment, ni au même endroit dans la salle. De plus, les salles sont équipées d'un matériel de mesure sonore avec un seul micro qui ne leur permet pas de contrôler deux valeurs et encore moins simultanément… L'équipement historique et standard que l’on trouve sur le marché n’est pas encore adapté. Les salles vont donc devoir s’équiper avec du matériel spécifique et beaucoup plus couteux qu’un simple sonomètre standard.

 

Quels autres problèmes sont pointés ?


David : 
Il est par exemple illusoire de penser que l’on peut poser des micros au milieu d’un public de concert. Le matériel serait détérioré. La gestion sonore doit donc rester à la console.

Il faut aussi prendre en compte le fait que le dBC est complexe à mesurer puisqu’il y a une très grande part d’incertitude dans la mesure des fréquences  basses. Cette variabilité pourrait être réduite par l’introduction d’une moyenne spatio temporelle. C’est ce que nous proposons dans la méthode de mesure développée dans le cadre d’Opér@’Son 3.

 

Pourquoi est-il indispensable de définir une ou des méthodes de mesures pour faciliter l'appilication de la nouvelle réglementation sonore ?


David : 
Il faut uniformiser une méthode de calcul afin que tous les appareils donnent tous le même résultat et qu’il n’y ait pas de contentieux avec les agents de contrôle. Si on trouve une méthode de mesure commune, les professionnels seront en capacité d’appliquer correctement les niveaux exigés par le décret et les agents sauront comment les contrôler. 


En quoi consiste le protocole d’expérimentation auquel les sonorisateurs de lieux sont invités à participer ?
 

David : Il s’agit tout simplement d’une mise en situation de cette méthode de mesure dans leur salle. Le protocole dure une heure. Le sonorisateur peut le suivre de façon autonome et quand ça l’arrange le mieux. Nous lui mettons à disposition un tutoriel très précis avec toutes les étapes à suivre. Pour que notre expérience soit probante, nous avons besoin de beaucoup, beaucoup, de données et de nombreuses configurations de salles !

 

Quelle est la finalité de cette expérimentation pour le secteur ?

David : C’est de parvenir à une méthode de mesure qui sera intégrée à la réglementation. Un projet d’arrêté est en cours. On veut ainsi faciliter le travail des personnes en charge du son dans les salles et qu’elle ne se retrouvent ni en défaut, ni hors la loi.


 

Régisseurs, sonorisateurs de lieux, participez à l’expérimentation :

S’inscrire auprès de Quentin Auzanneau - Assistant administratif : admin@agi-son.org


 

1 Les problématiques sont expliquées dans l'infographie : AGI-SON décryte de le décret "Son"