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Nicolas LEGENDRE directeur technique de Marsatac

Nicolas LEGENDRE directeur technique de Marsatac

20 mars 2024

[ INTERVIEW ]

Retour d’expérience du référent gestion sonore sur le festival Marsatac.

Que vous a apporté cette expérimentation par rapport à votre rôle pivot sur Marsatac ?

Elle m’a fait prendre conscience de la complexité qui existe entre le fait de sonoriser de grands événements et de prendre en compte des niveaux d’émergences réglementaires pour le voisinage. Le son doit couvrir une grande zone d’audience tout en s'arrêtant à un endroit précis. C’est tout simplement impossible à ce jour. L’enjeu actuel est donc de répondre avec nos moyens techniques existants à l’exigence artistique que nous avons développée depuis des années, à laquelle nos publics sont habitués tout en rendant les niveaux d’émergences sonores “acceptables” chez les riverains .  

Nous ne sommes qu’au tout début de l’histoire car il est difficile de changer nos moyens d’opérer. Nous avons encore peu de retours d'expérience, aucune simulation informatique ne peut fidèlement prédire ce qu'il va se passer le jour J selon la météorologie, et la présence du public sur le site et l’option de faire des simulations dans des conditions réelles, est très onéreuse sans être fiable à 100%…. L’expérimentation nous a prouvés qu’ il est essentiel d'être entouré par l’ensemble des protagonistes jusqu’à l’événement et de faire accepter à chacun que ce n’est pas une science exacte. Il y a quoiqu’il arrive une prise de risque et il faut être ouvert à réaliser des ajustements sur place en permanence. Ça n’est pas simple puisqu'une fois le matériel installé il est quasi impossible de faire marche arrière.

 

Que retenez-vous de cette expérience ? 

Le travail que j’ai mené en plus de mes missions habituelles de directeur technique est une fonction à part entière. Ça demande une implication totale et ça vient s'ajouter à la charge déjà très élevée des différentes responsabilités qui incombent au poste.

Néanmoins, il n’est pas dénué d’intérêt. Réussir à fédérer les différents acteurs de la chaîne du son, sans oublier les bureaux d’études acoustique (BEA), et à faire comprendre les enjeux de chacun aux différentes parties est la clef d’une gestion sonore maîtrisée.

En plus de ce travail sur le traitement sonore, il m'apparaît important de faire beaucoup de médiation en amont, pendant et après l’événement avec les riverains afin de leur expliquer les moyens mis en œuvre mais aussi nos limites financières et techniques. La visite de site que nous avons pu réaliser pendant le festival a été une excellente façon de les sensibiliser à tout le travail mené. Une médiation en amont de l’événement avec les équipes artistiques accueillies est également primordiale pour le bon déroulé et la réussite de son événement.

Cette expérience et les différents échanges qui en ont découlé m’ont fait comprendre qu’il y a souvent une confusion entre niveau sonore et qualité sonore. Un abaissement des niveaux est possible tout en conservant une expérience pour le public très satisfaisante.

Comment un festival peut améliorer sa gestion sonore ?

En intégrant cette nouvelle composante dès la réflexion du montage du projet en prenant en compte la configuration du site, les bâtiments obstruant ou non et de définir la disposition des scènes et l’implantation de son site aussi tôt que possible.

En impliquant les parties prenantes de la chaîne du son y compris prestataires et acousticiens dès le début de la réflexion.

Nommer un “chargé de gestion sonore” peut être une solution innovante car en plus de participer à l’élaboration des systèmes de diffusion, il ne faut pas oublier ; la partie suivie des obligations réglementaires (réalisation de l’EINS / mise en place d’une prévention des risques auditifs…), la communication en interne et en externe ainsi que la médiation.

En fonction de la dimension de l’événement mais aussi de l’implication des différents acteurs sur le territoire, le cumul de toutes ces missions peut représenter une grosse charge de travail si elles sont uniquement menées par le directeur technique-régisseur général.