Laurent DECÈS directeur de Petit Bain à Paris, représente le Syndicat des Musiques Actuelles au Conseil d’Administration (SMA) d’AGI-SON. Il répond à nos questions sur le décret "Son".
Interview de Laurent Decès sur le décret "Son"
Laurent DECÈS directeur de Petit Bain à Paris, représente le Syndicat des Musiques Actuelles au Conseil d’Administration (SMA) d’AGI-SON. Il répond à nos questions sur le décret "Son".
Petit Bain est un équipement culturel flottant disposant d'une salle de spectacle de 450 places debout et propose une programmation en plein air à la période estivale.
Laurent Decès : Ce décret a permis de poser un cadre réglementaire à la prévention des risques auditifs. La distribution de bouchons, l’affichage existaient depuis longtemps dans le secteur des musiques amplifiées mais il y a désormais une volonté politique d’avancer sur ce sujet et c’est très intéressant qu'il soit porté par 3 ministères (Santé, Culture, Environnement). Néanmoins, le contenu du décret en l'état impose des contraintes difficilement tenables.
On n'a pas encore vraiment de recul sur ce décret puisqu'il n’a jamais été applicable... Mais concernant les niveaux, il y a déjà la difficulté de tenir le 102 dB(A). Pour des configurations de lieu comme le nôtre, cela demande de la vigilance et une forme d’autorité sur les groupes programmés. Pour certains groupes ou certaines esthétiques musicales comme le noise rock, c’est impossible à tenir. Ce décret est donc discriminant pour ces artistes et les lieux qui les programment. J’aurais préféré une réglementation basée sur une obligation de moyens - comme remettre obligatoirement des bouchons au public sur les esthétiques plus extrêmes – plutôt que sur une obligation de résultats. En attendant, on est dans un mille feuilles technique très compliqué à maitriser... On a besoin d’un accompagnement et d’une expertise comme celle d’AGI-SON.
Les groupes ne se rendent pas encore bien compte des difficultés que cette réglementation représente. Ils se retrouvent souvent au pied du mur quand on leur annonce les niveaux au moment de la contractualisation. Cependant, à Paris, il y a une concurrence assez importante entre les lieux et ce sont finalement les bons élèves qui vont être pénalisés. Les producteurs ont derrière eux la pression des artistes et des managers. Ils n’hésiteront pas à esquiver le lieu de concert qui aura la réputation d’être vigilant au respect de la réglementation. Il va y avoir une sensibilisation à faire auprès des artistes et des producteurs sur ce nouveau cadre réglementaire.
C’est préoccupant, il peut y avoir un effet domino. Il faut être vigilant car la période COVID a créé un calme absolu en extérieur et la reprise de manifestations culturelles amplifiées peut entrainer un choc thermique, des condamnations en cascade. Je suis étonné qu’il n’existe pas d’association de riverains pour défendre son environnement culturel. C’est pourtant un des facteurs d’attractivité d'un territoire.
Cette problématique du décret « Son » va revenir au premier plan et constituer une difficulté réglementaire en plus de celles liées à la crise Covid. On attend que les ministères se positionnent sur ces sujets.
A l'été 2021 débutera le tour de France#2 d'AGI-SON organisé avec les relais régionaux. Chaque étape sera l'occasion d'échanger avec les professionnels de la culture, les élus et les organisations professionnelles des collectivités autour des problématiques et des enjeux du décret n° 2017-1244 du 07 août 2017 relatif à la prévention des risques liés aux bruits et aux sons amplifiés.
Lancement en région Centre Val de Loire le 23 juin au Printemps de Bourges en partenariat avec la FRACA-MA. Ouverture des inscriptions et annonce du calendrier complet, à venir !