Jeudi 17 octobre 2019 dans le cadre du MaMA, Agi-Son entouré du Prodiss, du SMA et du CNV dressait un bilan de cette 1ère année d'application du décret « sons amplifiés » pour les festivals.
Regards croisés et témoignages :
agir pour une bonne gestion sonore
Jeudi 17 octobre 2019 dans le cadre du MaMA, Agi-Son entouré du Prodiss, du SMA et du CNV dressait un bilan de cette 1ère année d'application du décret « sons amplifiés » pour les festivals.
Regards croisés et témoignages :
Eddy PIERRES - directeur du festival Panoramas et représentant du Prodiss a déclaré que si aucun problème n'a été, pour le moment, signalé par les adhérents du Prodiss et de la Fédération De Concert, il considère que ce décret est une véritable épée de Daclomès sur les festivals. L'ensemble du secteur était favorable à une révision du décret et s'attendait à une baisse des niveaux sonores mais le texte, tel qu'il a été publié, est vécu comme la mesure de trop qui s'ajoute au contexte sécuritaire (circulaire Collomb) qui pose déjà beaucoup de problèmes aux festivals. Par ailleurs, Eddy PIERRES s'étonne qu'aucun moyen financier supplémentaire ne soit annoncé pour aider les festivals à renforcer leur information sur les risques auditifs auprès du public mais aussi pour financer l'étude d'impact des nuisances sonores (EINS). Il s'inquiète pour les jeunes festivals qui vont devoir faire face, dès le départ, au coût onéreux d'une EINS, ce qui risque de freiner les nouvelles initiatives. Il déplore également que la limitation du dB(C) à un niveau si bas, stigmatise les esthétiques musicales chargées en basses fréquences.
Manou COMBY - directeur de la Rodia et représentant du SMA n'a pas eu non plus de retours sur des situations critiques pour cette première année. Cependant, il partage totalement le sentiment que cette nouvelle réglementation est un moyen de faire pression sur les festivals. Selon lui, le texte ouvre la voie aux procédures et rend les festivals perméables au contexte politique. Un festival tel que le sien (Détonation) va totalement dépendre de la bienveillance des pouvoirs publics qui le défendront... ou pas !
Pour Jean-François PAUX - responsable du secteur « salles de spectacles » du CNV, le décret est une menace pour l'ensemble des festivals en fonction des relations qu'ils entretiennent avec leurs collectivités locales. Les futures élections représentent de ce fait un risque bien réel. Il s'inquiète de la judiciarisation de la société, où les riverains peuvent faire annuler des événements ou fermer des établissements en lançant des procédures à partir de textes officiels.
Selon lui, différents points du décret sont impossibles à appliquer. Il existe par exemple des marges d'erreur assez importantes à prendre en compte dans la mesure des dB(C), il se demande par ailleurs comment l'EINS exigée aux festivals peut prendre en compte des paramètres imprévisibles tels que la météo du jour J (vent, pluie...).
Du point de vue d'Alexandre JAILLON, co-directeur de We Love Art, la grosse difficulté de ce décret est de respecter les niveaux sonores (dB(A), dB(C)) en tout point accessible au public.
Et concrètement lors de leurs évènements :
Festival Détonation : Manou COMBY a observé que certains voisins se sont appuyés sur le décret pour se plaindre de l'émergence ce qui a amené le festival à intensifier sa médiation.
Festival Panoramas : L'ARS est venue réaliser une visite très officielle dont les conclusions ont été transmises au préfet. Cette année aucune EINS n'a été demandée. L'avis de l'ARS a été modéré en indiquant que les niveaux étaient respectés avec une petite difficulté sur les 118 dB(C). L'ARS a demandé les enregistrements des données relatives aux volumes sonores et le prestataire a accepté de le faire exceptionnellement mais refusera la prochaine fois car, il estime se retrouver dans une position juge et parti. Eddy PIERRES s’est interrogé sur la pertinence de remettre les enregistrements de niveaux aux pouvoirs publics de manière systématique et pas uniquement en cas de problème avéré.
We Love Green : L'EINS qu'ils ont l'habitude de réaliser chaque année n'a pas pu répondre à tous les points du décret mais ils ont fait au mieux pour s'en approcher. Alexandre JAILLON esplique que ce travail de mesure des niveaux sonores a été engagé il y déjà quelques années avec la préfecture de police puisque We Love Green est le premier festival sur lequel ils ont réalisé ce type de contrôle. Cela a donc été une longue phase d'apprentissage pour la préfecture qui a été accompagnée par l'équipe du festival dans ce travail.
Pour conclure la rencontre, Angélique DUCHEMIN - directrice d'AGI-SON a rappelé que les ministères ont finalement renoncé à publier un arrêté d’application du décret. Les membres d'AGI-SON ont quant à eux déposé une demande urgente de révision du décret. AGI-SON poursuit les rendez-vous pour obtenir des trois ministères impliqués (Culture, Environnement, Santé) une réouverture du texte afin de préciser les différents points techniques qui rendent à ce jour sa mise en application impossible cela porte notamment sur l'EINS pour les festivals en extérieur, le"en tout point accessible au public".... Angélique DUCHEMIN a démontré que la haute technicité du texte l'impose. Les ministères semblent depuis ouverts à une discussion.
Prochaine rencontre sur le sujet le 5 décembre 2019 dans le cadre des Trans Musicales
Décret “sons amplifiés” : 1ère année d’application, quel bilan pour les festivals ?